En effet, compris sous le rapport de sa pensée, l’homme n’aura « point davantage en possédant des terres », c'est-à-dire que son être ne sera pas grandi par ses conquêtes matérielles. L’avoir ne fait pas l’être, notamment quand cet être est défini par la pensée. La pensée et la matière sont incommensurables, posséder ne peut donc pas apporter quelque chose à un être pensant. Il y a une disproportion infinie entre les biens matériels et les biens de l’esprit, posséder ne peut augmenter notre être. On devine en présupposé de cela que Pascal vise l’idée commune de la puissance d’un homme liée à ce qu’il possède, à, ses biens terrestres. Il y a là une critique impliquée par ce que dit l’auteur : les hommes, en possédant et en se divertissant de la pensée, ne réalisent pas leur être, ils s’en détournent au contraire. La matière est bien plutôt ce qui nous dessert, elle révèle notre faiblesse, notre fragilité, le « rien » de ce que nous sommes. En effet, « par l’espace l’univers me comprend et m’engloutit comme un point ». Par sa puissance, la nature, la matière me rappelle la petitesse de mon être, sa condition de poussière qui retournera à la poussière. Pris entre l’infiniment grand et l’infiniment petit, l’homme n’est rien, il se croit centre du monde, mais à l’échelle de l’univers, il n’est asymptotiquement rien (c'est-à-dire qu’il est presque néant). L’univers dans son infinité nous remet à notre place : quoique nous possédions, quoique nous fassions dans cette vie terrestre, nous sommes ramenés à notre néant matériel, nous ne comptons pas. Pour autant, l’homme comme pensée comprend l’univers tout entier. En effet, par la pensée, l’homme contemple l’univers, il est le reflet de tout ce qui est, plus il est la conscience du monde, sans homme pas de monde, c’est par l’homme que la matière devient connue. Comme l’univers le comprend, c'est-à-dire le tient, l’homme tient l’univers à distance de lui-même, il le pense dans son infinité, il se le représente. L’homme