Corrigé corpus: bon sauvage
Questions
1) Avec la découverte du Nouveau monde et de ses habitants au XVème siècle, les penseurs européens n’ont cessé de s’interroger sur l’homme tel que la nature l’a originellement livré. C’est le thème exploité par chacun des auteurs des textes proposés : par Montaigne en 1592 dans le chapitre « Des Cannibales » de ses Essais ; par Jean-Jacques Rousseau et Saint Lambert au XVIIIème siècle dans leurs ouvrages, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes et Ziméo ; et enfin par Jean-Claude Carrière en 1999 dans la Controverse de Valladolid.
Tandis que Rousseau vante les qualités physiques des hommes « barbares » que la nature rend « forts et robustes », ce sont essentiellement les qualités morales qui dominent les textes de Montaigne, de Saint-Lambert et de Carrière. L’éloge que fait Montaigne des hommes du Nouveau monde passe, paradoxalement, par l’accumulation de ce qu’ils ne possèdent pas. Ainsi, il n’y a ni « commerce », ni « connaissance de l’écriture », ou encore « aucune agriculture ». Ce qui pourrait alors passer pour les failles d’ une société peu avancée, signifie au contraire que « l’état naturel » des nouveaux peuples les rend incapables des défauts que la civilisation européenne a su faire naître. Le personnage de Las Casas exploite aussi cette même idée dans le texte de Jean-Claude Carrière. « Sans convoitise du bien d’autrui », « dépourvus d’artifice », d’une « totale ingénuité », les Américains sont « incapables de mensonge ».
Les « biens » des nations européennes apparaissent donc comme une source de corruption de l’homme. C’est bien son « industrie » qui lui « ôte [s]a force et [son] agilité » selon Rousseau. Le personnage de Saint-Lambert, Ziméo, sous-entend aussi que les marchandises des Portugais témoignent de leur perversion morale puisqu’ils s’en servent pour profiter de la crédulité des habitants d’Onébo. S’ils « recherchaient [leur] amitié » par