Corrigé sur l'inconscience
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D'un côté, il n'est pas rare d'entendre, par exemple à propos d'un chauffard qui double en aveugle dans un virage : « il est complètement inconscient » ; or ce n'est pas un compliment mais bien plutôt un reproche d'ordre moral, voire le reproche par excellence, si l'on pense que la conscience est précisément ce qui définit l'être humain et touche à sa dignité. C'est ainsi que, plus généralement, l'anathème du manque d'intelligence revient souvent dans le vocabulaire des injures (« rien dans le crâne », « petit pois dans la cervelle », « tête de linotte », etc) comme si on était plus blessant en visant à la tête ! Pourtant d'un autre côté, on cherche souvent à se justifier pour une erreur d'inattention, un oubli ou même un acte grave, en disant « je ne savais pas » ou « je n'avais pas pensé », « je ne l'ai pas fait exprès » comme si l'inconscience pouvait constituer une excuse et le « coup de folie » une circonstance atténuante. D'où la question : dans quelle mesure est-il injurieux de qualifier un être humain d'inconscient ?
Cette interrogation porte sur l'inconscience humaine c'est-à-dire sur les limites de la conscience entendue au sens fort et originel de conscience morale, ce qui implique non seulement la faculté d'être éveillé, présent au monde mais aussi de réfléchir ; du même coup elle porte sur les limites de la définition traditionnelle de l'homme comme être doué de raison. Parallèlement le thème de l'injure nous renvoie bien au delà du registre familier de l'insulte ou de la blessure psychologique (comment ce reproche est-il perçu ?), à la question philosophique des conséquences, en termes de responsabilité, d'une remise en question du pouvoir de la conscience : jusqu'où peut-on restreindre la conscience humaine pour prendre en compte la réalité de l'inconscience sans pour autant atteindre sa dignité d'être moral ?
C'est pourquoi nous partirons de la définition traditionnelle de l'être humain doué de conscience, puis nous envisagerons les limites de la