Crise asiatique 1997
Causes et remèdes
Jusqu’à ce qu’ils tombent brutalement en disgrâce en 1997, les pays heurtés de plein fouet par la crise financière en Asie — la Corée, l’Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande — faisaient l’admiration générale pour leurs prouesses économiques et avaient la faveur des investisseurs étrangers. Que s’est-il passé et y a-t-il un remède pour réduire le risque de crise à l’avenir?
Bijan B. Aghevli
ENDANT les trente années qui ont précédé la crise financière en Asie, la Corée, l’Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande ont affiché des performances économiques remarquables — croissance rapide, faible inflation, stabilité macroéconomique et finances publiques solides, épargne élevée, économie ouverte et secteurs d’exportation prospères. Il n’est donc pas surprenant que nul n’ait prévu la crise. A posteriori, il est bien sûr beaucoup plus facile d’en identifier les causes, qui sont d’ailleurs reconnues à l’unanimité, contrairement aux solutions à apporter, qui font l’objet de fortes dissensions.
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Que s’est-il passé? Dans une large mesure, ces pays ont été victimes de leur propre succès. Sur la lancée de leurs solides performances économiques jusqu’au début des années 90, les pays asiatiques ont refusé de voir les problèmes lorsqu’ils ont commencé à se manifester. Se croyant à l’abri d’une crise du type de celle qui avait secoué l’Amérique latine dans les années 80, puisqu’ils n’étaient confrontés ni aux lourds déficits budgétaires, ni au fardeau de la dette publique, ni à la rapide expansion monétaire, ni aux obstacles structurels qui avaient rendu l’Amérique latine vulnérable, les pays d’Asie n’ont commencé que trop tard à prendre leurs problèmes au sérieux. Le cas de la Thaïlande est particulièrement évocateur. La situation a commencé à se dégrader en 1996. Le FMI a mis en garde les autorités au début de 1997, mais il s’est
28 Finances & Développement / Juin 1999
révélé difficile de les convaincre de la gravité des