Crise financière
Christian Noyer Gouverneur de la Banque de France
Paris-Europlace, Émirats Arabes Unis, 21 janvier 2009
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux d’être ici pour partager certaines réflexions sur la crise financière et débattre des solutions éventuelles pour surmonter cette situation. Il est trop tôt pour tirer toutes les leçons des événements récents sur les marchés de capitaux. Il est toutefois essentiel de réfléchir dès maintenant à l’expérience de ces derniers mois. Plus encore en période de tensions qu’en temps normal, l’action et la réflexion doivent s’alimenter l’une l’autre. C’est au moment même où nous gérons la crise que nous posons les fondements du système financier futur. Je me propose d’organiser mon propos autour de deux thèmes : - la nature de la crise financière - les politiques mises en œuvre pour y faire face, à la fois du point de vue du secteur public et du secteur privé
La nature de la crise
La crise nous est d’abord apparue comme une crise de liquidité. Les premiers symptômes se sont manifestés début août 2007 quand des perturbations sévères se sont fait jour sur le marché interbancaire dans les pays occidentaux. Plus d’un an après, ces tensions sont toujours présentes sur les marchés
monétaires. En témoignent le niveau anormal des spreads, le raccourcissement des maturités, ainsi que le rétrécissement, voire la disparition de certains compartiments de marché au cours des derniers mois. Par contagion, ces tensions affectent également les sociétés non financières, et plus largement, le financement de l’économie. Elles se sont aussi propagées aux économies des pays émergents, qui étaient restés largement épargnés jusqu’à l’automne 2008. La crise nous est aussi apparue comme une crise de la titrisation. La titrisation est une technique ancienne et efficace, utilisée pour le refinancement d’un grand nombre de prêts. La nouveauté dans cette