Critiques de la religion
Feuerbach
À la différence des animaux, l'homme a une vie intérieure et a conscience de faire partie d'une espèce. L'homme, pour Feuerbach, se définit par la raison (qui permet la pensée), la volonté (permettant l'action) et l'amour (fondement de la vie en commun). " L'homme existe pour connaître, pour aimer, pour vouloir " Mais l'homme se rend compte du caractère fini de ces prédicats en les comparant à ceux de son espèce et comprend qu'il est incapable de réaliser par ses propres moyens le vrai, le bien et l'amour. Il va donc projeter ces attributs humains hors de lui et les transférer à un être supérieur qu'il appelle Dieu. L'homme découvre donc, grâce à la religion, sa propre essence mais séparée de lui puisqu'il la confie à un être hors de lui-même. L'homme a, au fond, créé Dieu à son image ou plutôt à l'image de son espèce puisque les attributs divins sont infinis et qu'ils sont finis dans l'individu. Ce mécanisme est exactement ce qu'on appelle un processus d'aliénation c'est à dire de perte de soi dans un autre, cet autre ici étant Dieu. Il s'agit bien d'une perte de soi : la raison humaine s'efface devant l'illusion religieuse (pourquoi partir à la conquête du bonheur terrestre et donc du progrès quand seule compte la providence divine ?), la volonté abandonnée entre les mains de Dieu entraîne une soumission aveugle et l'homme, asservi par l'amour divin, met toutes ses forces au service d'une foi aveugle qui dresse les individus les uns contre les autres. La religion fait donc obstacle au progrès. L'homme se perd d'abord en Dieu.
Mais la conscience humaine s'éveille et l'homme va chercher à récupérer les valeurs qu'il a données à Dieu. L'homme se réapproprie son essence en comprenant que le rapport entre l'homme et Dieu n'est rien d'autre qu'une projection du rapport qui existe entre l'individu et l'espèce humaine. Chacun comprend qu'il doit réaliser à son niveau les buts communs de l'espèce toute