Croyance et raison
Le conflit entre la foi (dans son sens religieux) et la raison est aussi ancien que l’existence des religions et des sociétés humaines. Il a longtemps été au centre de débats philosophiques et théologiques. Pour l’homme contemporain, depuis le triomphe des Lumières dans les sociétés occidentales, celui qui place sa confiance dans la foi est devenu d’autant plus suspect. L’homme politique y perçoit un ferment du fanatisme. Le philosophe y voit une démission de la liberté de l’esprit. Le scientifique la trouve.
La foi est, dans les mots de Pascal « un pari » sur Dieu. Pari par lequel l’homme aurait tout à gagner, la vie éternelle, le paradis, et bien peu à perdre : sa misérable existence. Le pari implique cependant qu’il est toujours possible de perdre dans la mesure où l’objet de la foi n’est pas perceptible, en tous cas pas accessible à la raison. La foi n’est pas une conviction rationnelle, elle est une certitude intime.L’homme de foi est délivré des incertitudes morales, il est à l’écoute d’injonctions qui déterminent pour lui ce qui est bien et mal, il suit les interdits et les préceptes de sa religion. Connaissant le doute que provoque la raison, il a même pu se mortifier dans le passé pour museler les exigences du corps et de l’esprit pensant. Le mystique tentera de se rapprocher de ce mystère par des voies qui ne sont pas celles de la raison.
Pour Kierkegaard, la Foi est un « saut dans l’irrationnel » [3]. Pour Kant, dans Critique de la raison pure : « J’ai donc du supprimer le savoir pour lui substituer la croyance »[4] Dans ces conditions, la foi et la raison ont toujours semblé irréconciliables.
L’évidence mathématique (2+2=4) ne demande rien d’autre qu’un esprit clair. Elle n’implique pas de croyance. La virginité de Marie, les miracles, sont considérés comme des défis pour la raison, voire des aberrations. La raison est fondée sur le perceptible, elle exclut généralement la religion, comme Kant