Leçon 70. Croyance et vérité S’il est un lieu commun répandu aujourd’hui, c’est que nous serions débarrassés des croyances. L’athéisme indifférent de l’homme postmoderne regarde la croyance comme un phénomène étrange qu’il tolère comme une curiosité culturelle. On fait le parallèle avec les idéologies en pensant que se débarrassant des idéologies politiques, nous avons perdu toutes nos croyances. Les nostalgiques du positivisme, ceux qui professent une attitude scientiste, diront aussi qu’avec la science moderne, nous nous sommes dégagés de la religion. En y ajoutant un peu d’anti-cléricalisme primaire, cela donne des discours du genre : L’obscurantisme du Moyen-Age est loin de nous ! La science s’est érigée sur les ruines de la religion. Vive la science moderne, à bas la croyance et la superstition ! Or, c’est justement dans ce monde de la techno-science que nous trouvons les formes de croyance les plus inattendues. A côté de la rigueur de l’approche méthodique du statisticien, du programmateur, du chercheur, il y a le domaine très vaste des croyances : l’un consulte son horoscope, à la pause café, pendant une manipulation de laboratoire, un autre , traite des ordres en bourse mais reste fidèle à sa foi chrétienne, un autre encore qui travaille dans la publicité rêve d’une convergence entre la science et sa représentation bouddhiste de l’univers, un dernier, fonctionnaire très rationnel dans son travail, se dit la science ne parvient pas à tout expliquer, et qu’il faut laisser une place à la croyance et au mythe. L’homme peut-il seulement vivre sans croyance ? Peut-il y avoir une vérité sans croyance ? Dans ces conditions,quelle place peut-on raisonnablement reconnaître à la croyance dans le champ de la vérité ?
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A. Crédulité, superstition : du sceptique au fanatique La croyance est donnée dans un vécu particulier et correspond dans l’attitude naturelle à une intention tournée vers un objet. Toute croyance est croyance en