Croyance et savoir
La réflexion actuelle du Cercle CONDORCET de Besançon porte essentiellement sur le thème de la laïcité. Voici quelques éléments qui concernent le couple de mots et de concepts, qu’on peut étiqueter croyance et savoir : couple infernal, inconciliable ? Alliance contradictoire ou complémentaire ? Tout d’abord, tentons une approche linguistique et historique des sources : l’origine du verbe croire est le latin classique credere, “confier en prêt”, d’où au fig., “se fier, avoir confiance : admettre pour vrai (ce que dit quelqu’un”). Le sens religieux est le premier attesté : credre in Deu, “croire à l’existence de Dieu”, dans la Vie de saint Léger, écrite autour de l’an 1000 (on y trouve aussi le sens profane de “admettre qqch. pour vrai”). Le mot credo (d’abord fém.) se rencontre pour la première fois vers 1190 dans… Le Roman de Renart, au sens de “symbole des Apôtres contenant les articles fondamentaux de la foi catholique”. À l’Église, le credo est utilisé depuis le VIII° s. Le français, à partir de ce verbe, a forgé deux séries de doublets étymologiques : 1. croyance, croyant au sens religieux. 2. créance, crédit au sens financier et bancaire… L’histoire du verbe savoir est plus complexe : ce verbe vient (fin du X° siècle) du latin pop. sapere, “avoir de la saveur, du goût, du parfum” (en parlant de choses) et “avoir du goût, du discernement, être sage” (en parlant de personnes) qui, employé transitivement, a signifié ensuite “se connaître en quelque chose, comprendre, savoir”. À noter que dans l’ancienne langue française, savoir, employé absol., a signifié “sentir” et “plaire” du XII° au XIV° s. (entre autres chez Eustache Deschamps). Le verbe sapere a évincé le verbe latin scire, “savoir”, peu représenté dans les langues romanes, mais qui, dès Plaute et Térence, et surtout chez les auteurs classiques Cicéron, César, Tite-Live, etc., renvoie à la connaissance intellectuelle (et non “sensible” comme sapere). D’où, en français, deux familles de