Débat colonial ferry / clemenceau
La IIIe République, au cours du mois de juillet 1885, voit s’installer un nouveau débat sur le devant de la scène politique, à propos de l’expansion coloniale. Il dépasse l’opposition traditionnelle entre républicains et conservateurs, pour établir de nouveaux rapports de force entre des familles politiques très différentes. Deux discours ont particulièrement marqué ce débat : celui de Jules Ferry, le 28 juillet, et la réponse de Clemenceau le 31. Ferry, républicain opportuniste, est alors ancien Président du Conseil, fonction qu’il occupa à deux reprises de septembre 80 à novembre 81 puis de février 83 au 30 mars 85, date à laquelle il est renversé après la défaite de Lang-Son au Tonkin. Clemenceau, quant à lui membre de la gauche radicale, parle en tant que député à la Chambre ; il s’oppose au discours colonialiste prononcé par Ferry, reprenant chacun de ses arguments et les démontant un par un. La confrontation des discours de ces deux personnalités politiques permet de comprendre les principaux sujets de désaccord entre les partisans de la colonisation et les anticolonialistes. Quels sont les enjeux défendus ? Quels intérêts la colonisation présente-t-elle du point de vue des colonialistes ? Qu’en pense le camp opposé ? Autrement dit, quels sont les grands arguments défendus d’un côté et contestés de l’autre lors de ce débat national ?
L’argument économique
Pour Ferry, il faut, pour expliquer tout l’intérêt de la colonisation, commencer par évoquer le contexte international. La Révolution Industrielle du XIXe siècle implique, d’un point de vue économique, une ouverture vers les colonies. «La politique coloniale est fille de la politique industrielle»(l.1) affirme Ferry, soutenant que la colonisation permet d’exporter, créant ainsi de nouveaux marchés pour les pays industrialisés. Selon lui, «tout le monde aujourd’hui veut filet et tisser, forger et distiller» (l.6), évoquant par là l’importance des progrès dans des secteurs tels que