Déjeuner sur l'herbe
Le déjeuner sur l’herbe
1863
Huile sur toile
H. 208 cm ; L. 264,5 cm
Paris, musée d’Orsay
À l’avant-plan, une femme nue est assise entre deux hommes vêtus avec soin et qui semblent converser entre eux en l’ignorant. A sa droite, un panier de fruits et des pains ronds sont disposés comme dans une nature morte. À l’arrière plan, une autre femme, vêtue d’un tissu léger, se baigne dans un petit ruisseau. Le sujet a pour source principale une peinture de Titien, Le Concert champêtre (Paris, musée du Louvre). Ce qui choque le public de l’époque, c’est le réalisme avec lequel Manet peint la situation : la nudité de la femme est rendue scandaleuse par le caractère contemporain des vêtements de ses compagnons. La présence d’une femme nue au milieu d’hommes habillés n’est ici justifiée par aucun prétexte mythologique ou allégorique. Le panier renversé et les fruits non consommés, qui suggèrent que quelque chose d’autre aurait été consommé, accentuent la moralité douteuse de la scène. Le style de la peinture est en rupture avec la tradition académique à plus d’un égard. En dépit du sujet mondain, Manet a délibérément choisi une grandeur de toile qui sied généralement aux tableaux historiques (208 x 264,5cm). Il abandonne les habituels dégradés ou sfumato pour livrer de forts contrastes entre ombre et lumière. De plus, les personnages ne semblent pas parfaitement intégrés dans le décor de sous-bois qui est davantage esquissé que peint et où la perspective est ignorée et la profondeur absente.
Zola défendra le tableau de Manet en écrivant :
« Le Déjeuner sur l’herbe est la plus grande toile d’Édouard Manet, celle où il a réalisé le rêve que font tous les peintres : mettre