Désirer est ce nessairement souffrir
Désirer est le fait de tendre vers un objet que l’on se représente comme une source possible de satisfaction ou de plaisir. Nécessairement exprime une obligation, un absolu. Souffrir, c’est éprouver douloureusement.
Selon le sujet, il y aurait donc une interdépendance entre le désir et la souffrance. Cependant cela semble paradoxal car désirer n’est ce pas jouir de mettre en œuvre des actions pour obtenir la chose voulue ? Alors que la souffrance n’est ce pas justement ne rien avoir à désirer et succomber à l’inaction donc à l’ennui ?
La souffrance semble révéler qu’il nous manque quelque chose. Or, le désir vise à combler ce manque et nous soulager. Dans ce cas, c’est parce que nous souffrons que nous désirons. Cependant une autre approche est possible, c’est parce que nous désirons que nous soufrions.
Dans ce sensé, est-ce que désirer voue naturellement à la souffrance ? Ne peut-on pas prendre plaisir à désirer ? Peut-on contrôler ses désirs et accéder à une « tension » entre souffrance et jouissance de ses désirs ?
Parler du désir, c’est parler d’un manque visant à être naturellement comblé. Chacun de nos désirs exprime un désir plus essentiel, celui de reconnaissance ; mais aussi celui de l’état on nous serions parfaitement comblé, donc on nous aurions atteint un état de bonheur parfait. Or, en libérant nos désirs, nous sommes loin d’atteindre cet état de bonheur total car nous sommes confrontés à des échecs, des désillusions, des déceptions, des frustrations. Le désir, pernicieux, est indissociable de l’imagination, qui sublime la réalité et aboutit à la déception. Lorsque l’on désire quelque chose, l’attente de la possession nous amène à imaginer cet objet, une fois l’objet obtenu, il est bien « fade », pauvre, insipide, en un mot décevant par rapport à l’image que l’on s’était faite de lui. Qui n’a jamais connu la situation de Proust, qui lorsqu’il découvre ces villes d’Italie, elles ne correspondent en