Discours de victor hugo à la chambre des pairs choses vues
« A votre attention, messieurs les Pairs,
En cette fin de matinée ensoleillée, j’ai été le témoin d’une scène qui m’a profondément indignée, faisant monter en moi une profonde envie de révolte. Laissez-moi vous conter l’histoire afin que vous puissiez comprendre et en juger par vous mêmes, chers confères.
Sur les coups de midi, prenant le chemin qui m’a mené jusqu’ici –rue de Tournon, pour être précis-, j’aperçus un misérable homme, alors trainé par ceux que l’on nomme de la justice. Les deux soldats menaient l’infortuné à la gendarmerie. Celui-ci, tout maigre et qui paraissait au plus faible qu’un homme puisse être, tenait sous son bras un vulgaire morceau de pain : l’insignifiant objet de son délit. Le malheureux portait alors son attention sur la berline armoriée se trouvant juste face à lui, et plus particulièrement à l’intérieur de celle-ci, soit sur la belle duchesse vêtue d’une robe de velours noir, et qui riait avec son charmant petit enfant, enfoui dans des rubans dentelles et des fourrures. Le regard de l’homme était terrible et traduisait toute sa pensée sur sa précaire situation à la vue de la vie de certains.
Cette situation m’a fait réfléchir, m’a fait m’indigner sur ce qu’étaient les injustices sociales en notre temps. La situation du peuple est réellement misérable, pitoyable. Il nous faut les aider. Ne pensez-vous pas de même ? Imaginez vous dans le corps d’un de ces pauvres gens. Je devine que rien que cette idée fait peser en vous une peur profonde. Vous avez peur de ces gens, mais par dessus tout, vous avez peur de leur vie. Peur de tomber dans la même situation ! Je prédis votre prochaine question. Que faire ?
Il s’agit en fait d’une révolution. Il nous faut une révolution. Nous nous devons de revoir le système entier, je dirais. Chacun doit avoir accès à un minimum pour vivre. Je ne veux plus de ces personnes qui vivent