Giraux Mahé LA LEGITIMITE DE LA DISCRIMINATION POSITIVE. La "discrimination positive" est entrée avec fracas dans le débat public français fin 2003. Réservée à des cénacles spécialisés, l'expression a souvent été présentée comme une traduction et une importation des mesures américaines d'affirmative action. Ces politiques qui divisent passionnément et intensément la société américaine présentent la particularité d'être régulièrement invoquées en France, comme modèle ou contre modèle. Alors qu'il ne bénéficie pas d'une grande consistance juridique, le concept a connu plusieurs vagues d'utilisation, désignant des domaines d'action publique relativement différents. Rétrospectivement il est utilisé pour désigner les politiques d'éducation prioritaire développées à partir de 1981. Les zones d'éducation prioritaires ( les ZEP ) seraient ainsi les premières mesures de discrimination positive à la française. Dans les années 1990, le thème de la discrimination positive a accompagné les propositions et discussions menées autour de l'équité , cette volonté de concentrer les dépenses sociales sur ceux qui en ont le plus besoin. On peut repérer l'occurrence du thème, successivement, pendant les débats sur la mise en place des zones franches urbaines et des zones urbaines sensibles ( 1995-1996 ), sur la mise sous conditions des ressources des allocations familiales ( 1998 ), ou encore sur l'ouverture d'une filière particulière d'entrée à Sciences Po ( 2001-2002 ). Pendant toute la décennie, l'expression discrimination positive est également ponctuellement employée quand les problématiques de parité ou de discrimination raciale sont abordées. Mais la question qui se pose alors à nous est la suivante ; qu'est ce que la discrimination positive et quel est son but ? Il est tout d'abord important de noter que la "discrimination positive" est un principe qui consiste à instituer des inégalités afin de promouvoir l'égalité en accordant à certains un traitement