Dissertation métacritique
Sujet 1
Si je m'interroge sur la nature de ce qu'apporte à la société humaine un bon critique en "produisant une interprétation" d'un texte littéraire, je m'apercevrai qu'il s'agit rarement d'une "information" nouvelle, mais que cela consiste le plus souvent en une certaine façon de rendre significatifs des éléments d'information disparates, auxquels tout le monde avait accès depuis longtemps. Ce travail ressortit moins à la production ou à la transmission d'une connaissance qu'à un certain montage, à un certain (ré)agencement de choses dont l'intérêt relève moins d'un savoir (ponctuel) que d'un effort de compréhension (de saisie englobante).
Yves Citton
Yves Citton, grand théoricien Suisse de littérature, sait qu'une définition, avant d'expliquer l'essence d'une chose, en délimite les critères en cernant ce qu'elle n'est pas. C'est pourquoi il explique que l'exégèse d'une œuvre ne comporte pas en soi d'élément nouveau, autrement dit que le critique n'ajoute pas quelque chose à la valeur du texte, mais qu'il est le révélateur d'un fond existant. Pour le théoricien, ce repérage dépend, non pas d'une culture littéraire, mais plutôt de la sagacité du critique à comprendre les choses les plus difficiles. Sa nature, nous indique t'il, est significative, c'est-à-dire qu'elle donne sens à la perception que nous pourrions avoir de l'œuvre. Parce qu'elle est construite de manière à ce que les éléments (figures de style, registre, métrique, etc.), éparses dans l'œuvre, soient rassemblés, elle nous offre une compréhension globale d'une intention d'auteur.
Cependant nous pouvons nous interroger : sous l'angle d'une problématique contemporaine, ne pouvons-nous pas y voir des informations nouvelles? De plus, produire une interprétation, la publier, n'est-ce pas là une manière de transmettre un savoir? Est-il possible, lors d'une lecture littéraire, de constater une figure de style ou encore de faire un lien avec d'autres auteurs,