Dissertation sur le doute
Généralement, le doute désigne un état d’incertitude relative à la réalité d’un fait ou à la vérité d’une proposition. Mais ce n’est pas tout ; le doute caractérise par ailleurs une attitude ou une action ; action qui se traduit par la suspension du jugement. Dès lors, se demander s’il faut douter de tout revient à chercher si ce que nous considérons comme étant, d’une part, la réalité, d’autre part, la vérité, n’est pas susceptible d’être mis en question. Le terme de cette recherche permettra alors de résoudre un problème fondamental : celui de l’accès à la réalité et à la vérité et, par-delà, le problème des limites de notre connaissance ; autrement dit, jusqu’où nos connaissances s’étendent-elles ? Est-il possible de connaître ? Toutefois, pour savoir s’il faut douter de tout, encore faut-il dégager les raisons d’un doute hégémonique. Dès lors, pourquoi faudrait-il douter de tout ? Qu’est-ce qui, d’une part, nous pousserait à douter de tout ? Ce qui revient à nous interroger sur la cause antécédente d’un tel doute ; en vue de quoi, d’autre part, faudrait-il douter de tout ? Question qui porte sur la cause finale du doute. Si les causes du doute universel se révèlent être d’ordre exclusivement théorique, qu’en est-il de son application pratique ? Faudrait-il alors pratiquement douter de tout ?
Si l’on se penche sur les raisons qui nous entraînent à douter, on s’aperçoit qu’il en est une qui s’impose avec évidence. En effet, il n’y a de doute que là où il y a ignorance. De fait, celui qui sait ne doute pas. Toutefois, celui qui ne sait pas et qui ignore ne pas savoir ne doute pas davantage. Il s’ensuit que si l’ignorance est la condition nécessaire du doute, encore faut-il que cette ignorance soit connue. C’est donc lorsque l’on sait ignorer que l’ignorance conduit à la suspension du jugement. Or quelle est l’étendue de notre ignorance ? Si l’on examine les moyens par lesquels les choses nous sont données, autrement dit