I. Le modèle laïque français

1) Quelques figures

« La laïcité française est davantage le fruit de la qualité des hommes qui en ont précisé les contours que des textes qui en ont organisé le régime. »

La laïcité a eu ses penseurs, exigeants et souvent en rupture avec l’esprit, et le temps. Elle a aussi eu ses acteurs résolus à faire entrer dans les faits les réformes qu’ils estimaient nécessaires.

a. Les penseurs de la laïcité
L’un des grands penseurs était Condorcet (1743-1794), brillant mathématicien, il sera l’une des figures dominantes de la pensée philosophique, avant que n’éclate la Révolution.
Dès l’ancien régime, Condorcet milite en faveur de l’abolition de l’esclavage et des droits féodaux et revendique déjà l’égalité entre les hommes et les femmes. En 1764, il préside la Société des amis des Noirs. Il accepte la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 mais il reproche d’ignorer les femmes et regrette l’oubli du suffrage universel. Son projet sur l’organisation générale de l’instruction publique, présenté devant l’Assemblée législative les 20 et 21 avril 1792, annonce des réformes qui ne seront opérées qu’un siècle plus tard. Condorcet laissera après sa mort, un testament politique du XVIIème siècle dans son Esquisse d’un tableau des progrès de l’esprit humain. Ses enseignements sont prolongés par le courant positiviste, par l’œuvre et la personnalité d’Auguste Comte (1798-1857), inventeur de la sociologie moderne, il crée des outils scientifiques d’analyse des phénomènes sociaux. Suivi par Emile Littré (1801-1881), ce courant influencera de façon décisive la pensée laïque, notamment à la fin du XIXème siècle. Charles Renouvier (1815-1903) ajouta que le progrès est nécessaire, mais qu’il est d’abord question de choix moral. Il affirma que l’Etat devait être moral, ce qui incarnait l’idée de service public, sur les religions.

b. Les acteurs
Le premier acteur est Jean Macé (1851-1896), adversaire du Second empire,