Dissertation l'artiste et son oeuvre
Introduction
« Madame Bovary c’est moi » s’écriait Flaubert ; il rappelait ainsi la part de l’écrivain dans sa création. En effet, on dit souvent que l’artiste met toujours un peu de lui-même dans ses œuvres. C’est ce que Léon-Paul Fargue exprimera dans La Lanterne magique : « Il n’y a pas de sujets. Il n’y a qu’un sujet : celui qui écrit. » Cette phrase nous invite à mener une réflexion sur la relation entre l’auteur et son œuvre. Cependant, Léon-Paul Fargue va plus loin que Flaubert, car, par une éloquente réduction du pluriel au singulier, le poète semble nier la possibilité d’une création purement originale, absolument indépendante de la personnalité de l’auteur. Cette affirmation n’est-elle pas trop radicale ? Pour discuter le problème que cette assertion soulève, il nous faudra étudier l’œuvre comme expression de l’intériorité de l’auteur, après quoi nous nous demanderons si l’écriture du moi s’accorde bien au singulier. Enfin, nous verrons que l’œuvre littéraire est avant tout le lieu de la création démiurgique.
I) L’œuvre comme expression de l’intériorité de l’auteur a) Dans sa nature même ; l’œuvre littéraire est la création d’une conscience originale et singulière, et est forcément empreinte de l’intériorité de cette conscience en tant qu’elle en est le produit. On met toujours un peu de soi dans ses œuvres, c’est ce qu’exprime Julien Green lorsqu’il s’écrie : « Voici la vérité sur ce livre: je suis tous les personnages ». Pour écrire Bouvard et Pécuchet, Flaubert dévorera des dizaines de volumes : n’est-ce donc pas de lui-même qu’il se moque lorsqu’il se plaît à tourner en dérision la « bêtise encyclopédique » de ses deux héros ? On le voit, c’est volontairement ou bien malgré lui que l’auteur dévoile son intériorité dans son œuvre.
b) Ce postulat est pleinement assumé par certains auteurs, comme les romanciers du moi, qui ont bâti des œuvres entières