Droit administratif
Prototypes du travail normateur accompli par la jurisprudence administrative, les principes généraux du droit (en abrégé, PGD) constituent une catégorie originale de normes jurisprudentielles applicables, selon l'expression habituelle, « même en l'absence de textes ».
Ceux qui nient le pouvoir normateur des juges soutiennent que les PGD ne sont que le résultat de l'interprétation par le juge administratif de textes épars sans lesquels ils n'existeraient pas. Il est vrai que le juge administratif n'invente pas tous les PGD, qu'il ne les crée pas à partir de rien. B. Jeanneau, un des meilleurs spécialistes de cette question, distingue quatre modes d'élaboration : le principe extrait d'un texte ou d'un ensemble de textes; le principe résultat d'une généralisation à partir des textes; le principe dégagé d'une institution ou de la nature des choses ; le principe produit « des aspirations latentes qui, sous des formes les plus diverses, se partagent la conscience nationale ».
A la base des PGD, il y a un matériau (plus ou moins concret/abstrait, plus ou moins flou/précis) qui fait que ces principes ne sont jamais arbitraires. Mais le juge ne se contente pas de constater l'existence d'un matériau. Cette donnée brute, il lui confère stabilité et pérennité; il lui confère valeur de droit positif. Le principe vit alors de sa propre vie, indépendante de celle du matériau dont il est issu (par ex., le principe d'égalité n'est pas tributaire de la positivité de la Déclaration de 1789). Il est donc raisonnable de penser que les PGD, principes permanents et transcendants, émanent du juge qui, sans les créer ex nihilo, les fait accéder à la vie juridique positive. En ce sens, les PGD constituent une des plus éloquentes manifestations du pouvoir normateur du Conseil d'Etat.
Officiellement, la théorie des PGD remonte à un arrêt Aramu rendu le 26 octobre 1945 par l'assemblée du contentieux du Conseil d'Etat. Mais, bien avant cette date,