Du bellay, « que n’ai-je la harpe thracienne (…) »
Il s'agit ici d'un sonnet de Joachim du Bellay (1522-1560), poète de la Pléiade, extrait des Antiquités de Rome. Dès le titre du recueil on devine l'objectif du poète qui est ici réaffirmé dans son poème : retrouver un passé prestigieux, faire revivre la civilisation romaine qui est à la source de notre culture. Nourrie de l'art antique et de références mythologiques, la poésie répond ainsi à l'ambition des humanistes. Ce sonnet de du Bellay exprime donc les ambitions du poète qui se veut digne héritier des plus grands noms, en commençant par la figure mythique d'Orphée.
On se demandera donc que qu'elle figure du poète du Bellay nous présente ici.
I. Du Bellay propose une image prestigieuse du poète
Le recours au mythe
Du Bellay construit une image prestigieuse du poète en s'appuyant sur la tradition mythique et la renommée des grands poètes de l'Antiquité. Il met ainsi en évidence des exemples à suivre, à imiter (il reprend ici la théorie de l’imitation défendue dans son manifeste : Défense et illustration de la langue française).
La première strophe est une évocation du mythe d'Orphée considéré comme la figure emblématique du poète : il est le poète par excellence et la référence de tous ceux qui se prétendent poète. On le reconnaît ici à travers son attribut : la harpe (ou plutôt la lyre) et la référence à son origine géographique : la Thrace. Il représente l'association entre la parole (le chant) et la musique capable d'émouvoir aussi bien les hommes, que les animaux, les arbres, les rochers et les dieux : il apaisait les éléments déchaînés, calmait les tempêtes : il est l'emblème de la poésie lyrique.
On le reconnaît également à travers l'un des épisodes de son mythe : en effet Orphée est allé aux enfers pour ramener sa femme Eurydice dans le monde des vivants : Orphée sut exprimer son incommensurable douleur de manière assez persuasive pour obtenir du dieu des enfers la permission de