Durée et langage bergson
Durée et langage
Bergson parle d'une « conscience de la durée pure » : pour lui, la vie consciente est essentiellement durée, c'est-à-dire succession continue d'états qualitativement distincts et sans cesse changeants ( chaud / froid, joyeux / triste, attentif... ). Mais le changement n'est pas seulement dans le passage d'un état à un autre ; même le plus stable de nos états internes ( perception d'un objet immobile, sentiment ) se modifie à tout moment ( voir Essai sur les données immédiates de la conscience, analyse de la pitié, p. 14 ). Le psychisme est donc essentiellement du mouvant. C'est aussi du continu : certes, il intervient à chaque instant de notre vie psychique des incidents qui semblent trancher sur ce qui précède ( la sonnerie du téléphone, par exemple ), mais fa discontinuité se détache sur fond de continuité ( « ce sont les coups de timbales qui éclatent de loin en loin dans la symphonie », dit Bergson ). Résumons : « La durée toute pure est la forme que prend la succession de nos états de conscience quand notre moi se laisse vivre, quand il s'abstient d'établir une séparation entre l'état présent et les états antérieurs » ( ibid., p. 74 ). L'exemple, toujours repris, de la mélodie illustre ce double refus de se laisser absorber dans le présent et d'oublier les états antérieurs ( interpénétration des différents moments du temps). [ analyse de l’exemple ] La mélodie est vécue ; elle n'est pas représentée. Elle ne se réduit pas à une seule note, la première note entendue se dépasse vers les suivantes, qui ne sont pas contenues en elles, chaque note nouvelle est une surprise, elle est hétérogène, qualitativement différente des précédentes ; et pourtant sa valeur dépend de la relation qu'elle entretient avec les notes précédentes ; cells-ci ne sont plus, elles ont été jouées, mais elles affectent les suivantes, elles sont présentes comme passées et vécues dans ce tout de la mélodie. La mélodie est comme un être