Dès que nous tenons une opinion elle nous tient
« Dès que nous tenons une opinion, elle nous tient » (Alain)
On dit souvent que les gens sont bornés : dès qu’ils ont leur opinion sur un sujet, ils ont bien du mal à s’en défaire. Alors, la question se pose : dans quelle mesure sommes-nous prêts à changer d’opinion ? Ici, nous allons examiner comment nous nous forgeons une opinion et pourquoi il nous est si difficile d’en changer.
Tout d’abord, analysons le mécanisme qui fait que nous nous forgeons une opinion. Ce mécanisme se déroule en quatre étapes. Durant une première étape, nous recevons une information. Ensuite vient l’étape de raisonnement où nous réfléchissons sur cette information afin de nous fixer une série d’hypothèses. Puis intervient la phase de décision dans laquelle nous sélectionnons l’hypothèse qui formera notre opinion. Finalement se déroule la phase d’argumentation en support à cette décision.
Lorsque nous tenons une opinion, nous sommes moins réceptifs aux arguments extérieurs venant à l’encontre de cette opinion car nous sommes déjà passés par les phases de décision et d’argumentation et qu’il nous faut donc recommencer tout le mécanisme. Les stéréotypes sont des exemples très révélateurs de ce raisonnement. Ainsi, lorsque nous sommes presque convaincus qu’une classe sociale est spécialement violente, ce n’est pas parce qu’un membre de cette classe se voit décerner le prix Nobel de la paix que nous allons remettre en question notre opinion.
De plus, lorsque nous sommes confrontés à une opinion contraire à la nôtre, nous avons souvent peur de perdre la face. C’est pourquoi nous nous en tenons à notre position initiale et défendons notre opinion bien que les arguments opposés nous paraissent tout à fait sensés. Dans la culture japonaise, par exemple, cette notion est très fortement marquée : pour faire changer un japonais d’avis, il faut le faire de façon à ce qu’il considère notre point de vue comme une autre formulation du sien. Ainsi il n’aura pas l’impression d’avoir perdu