Désirer est-ce nécessairement souffrir
Dans Gorgias, Platon comparait le désir au panier percé des Danaïdes : toujours plein, toujours vide, mais cependant jamais rempli. Cherchant à être satisfait, le désir est par conséquent source de gêne, de désagrément, voire de conflit pour l’être humain. Il constitue de cette manière une entrave au calme et à la quiétude, pourtant nécessaires au bonheur.
Dès lors un problème se pose : il semble que désirer soit néfaste à l’homme, alors que le fait d’assouvir une envie plonge celui-ci dans un bonheur immédiat.
Le désir éloigne-t-il forcément l’être humain de la plénitude ?
Nous verrons dans quelle mesure désirer porte l’individu vers la souffrance, et d’autre part qu’une même souffrance résulte de l’absence de désirs.
Le désir est une pulsion, un mouvement qui port l’être humain vers un objet. Dès lors, l’individu va faire l’expérience de la privation et sa volonté sera alors uniquement tournée vers l’accomplissement de son désir. Le désir, puisqu’il attache l’homme à l’objet, est source de souffrance. En effet, au contraire des besoins, qui, une fois satisfaits, disparaissent de l’esprit de l’homme, les désirs semblent quant à eux être insatiables. Même s’il assouvit son désir en atteignant l’objet qui occupe ses pensées, l’individu ne sera pas pour autant libéré de cette envie : le désir se manifestera à nouveau, l’entraînant dans une situation de dépendance à l’objet. Ainsi, par exemple, le rapport de l’homme au tabac exprime tout à fait l’aspect polymorphe du désir. L’individu ne se contente pas de fumer une seule cigarette, très vite l’obsession de renouveler l’expérience se fait sentir. L’être humain n’est alors pas maître de ses désirs, il leur est soumis. De fait, désirer entrave sa liberté et l’homme est enclin à la souffrance, et donc au malheur.
De plus, les Epicuriens distinguent les désirs vains des désirs naturels, qui correspondent aux besoins. Selon eux, la nature même du désir entraînera