Désirer est-ce nécessairement souffrir?
Sujet : Désirer est-ce nécessairement souffrir ?
« Le désir me dit que le réel ne suffit pas ». Si, comme l’affirmait Jean-Paul Sartre, le désir est la marque d’un manque, d’une absence dans notre réalité, d’une insuffisance dans ce qui nous entoure, si « le réel ne suffit pas » c’est bien que l’origine même du désir est souffrance et que le désir lui-même est source de peine tant que sa fin n’a pas été atteinte. En effet, si je désire manger parce-que j’ai faim, je souffre d’abord de l’absence de nourriture qui fait naître en moi le désir de manger et tant que je ne me serais pas sustenter, je souffrirais de ce désir. Admettons maintenant que mon désir ait été assouvi et que j’ai mangé, là encore je peux ressentir peine et frustration, si par exemple j’avais imaginé un festin de roi et que je me suis contenté de combler l’absence de nourriture par du pain et de l’eau. Nous ressentons bien souvent des déceptions lorsque nos désirs ont été réalisés : pendant tout le temps où je désire, je suis dans l’imaginaire et non pas dans le réel ce qui pose l’imagination comme lieu du désir, comme ce qui le forge et l’alimente, l’imaginaire cristallise l’objet de mon désir, l’embellit, l’idolâtre. Ainsi, l’objet du désir tel que l’imaginaire me le présente est bien souvent plus attrayant que ce qu’il est en réalité ce qui provoque de la frustration et de la souffrance lorsque de l’imaginaire, l’objet du désir devient réel parce qu’il est accompli. Tout se passe comme si je voyais au loin un objet brillant de mille feux, ressemblant à un magnifique trésor et que dès que je m’en approche je me rende compte que ce n’est qu’un simple bâton recouvert par le sel qui l’a cristallisé. L’objet de mon désir n’est en fait qu’un simple bâton que l’imaginaire a cristallisé (le sel). Dès lors, il paraîtrait que le désir soit absolument, forcément, nécessairement accompagné de souffrance. Néanmoins, tout un chacun aspire à être heureux et justement le désir,