Edouard glissant
« La fraîcheur de l’air où couve le chaud de midi favorise les mélanges et les éparpillements de terres et de mers, nous concevons le tourbillon des îles et des gros rochers»
Les îles sont décrites l’une en fonction de l’autre : la mer qui les entoure ne réussit pas à nous faire oublier le fil – végétation, terre, paysage - qui parcourt et unit ces perles naturelles.
Non seulement la nature mais aussi un autre fond commun, offre des motifs d’union entre les peuple des Caraïbes et suggère une vision non exotique ou stéréotypée des îles: c’est le thème de la révolte et de la résistance. Les tristes expériences du passé récent sont parfois méconnues du public occidental ou volontairement cachées par les Européens, détenteurs de ce qu’on appelle la culture officielle.
Les luttes contre les occidentaux constituent un aspect emblématique du tout sens de la tragédie et du désespoir que les peuples des Caraïbes affrontent quotidiennement comme impalpable mais douloureux héritage, comme on peut bien remarquer dans l’extrait ci-dessous :
« Il n’y a qu’un inconnu encore, ce grand raclement des fonds marins qui a été prédit, et qui nous fait imaginer la Caraïbe comme une mer sans distinction d’avec l’Atlantique, sans une caye de bornage ni un bas-fond en manière de frontière, et même si ce cataclysme final est probablement suivi du plus beau et du plus durable anticyclone matinal qui fut et sera jamais, nous ne pouvons en calculer la proximité, nous vivons dans cet indistinct ou dans ce non-prévu de la