Efficacité de l'argumentation dans les textes littéraires
Les hommes de lettres participent plus vivement aux affaires marquantes de leur temps. Il n’est pas rare qu’ils mettent leur plume au service de causes politiques ou sociales en écrivant contre la guerre ou encore l’éducation trop brutale. Il s’agit alors de littérature engagée. Il convient de se demander si cette dernière est efficace et si ces textes, avec leurs formes d’argumentation souvent complexes, sont de bons moyens de convaincre et de persuader. En général un bon écrivain parvient à faire adhérer ses lecteurs aux idées qu’il défend. Toutefois, la complexité de son argumentation et les formes qu’elle revêt peuvent être un frein à son efficacité.
D’emblée, nous pouvons affirmer que la littérature et un bon moyen de convaincre et de persuader. Tout d’abord, elle peut amener le lecteur à reconnaître qu’un point de vue est véridique et irréfutable. Dans « De l’institution des enfants », Montaigne s’appuie sur la raison. Il compare les élèves à des oies que l’on gave et la non-assimilation des connaissances à une indigestion. Le précepteur est un dresseur et son élève un cheval « Il est bon qu’il le fasse trotter devant lui pour juger de son train ». Ces images ont une fonction argumentative : elles servent à convaincre.
L’auteur peut aussi faire partager son point de vue en jouant sur les émotions du lecteur. Erasme dénonce en 1529 dans De Pueris la rigueur de l’éducation médiévale par un témoignage. Il raconte le cruel châtiment infligé à un enfant accusé à tort de vol, en évoquant les coups, injures et menaces donnés au petit. Le lecteur l’imagine alors « pendu tout nu par-dessous les aisselles » et frappé « à grand coups de verges ». Il a pitié du pauvre enfant. Il est d’autant plus choqué lorsque l’humaniste décrit les « yeux ardent et allumés comme une vipère » du bourreau. Enfin, il apprend que l’enfant, après ces « tourments », est mort des suites d’une maladie.