Egalité et discrimination
Alain Renaut
Introduction Dans Egalité et Discriminations, Alain Renaut souligne que le refus des discriminations fondant des inégalités constitue le cœur même de l’idée démocratique. Le modèle de l’élitisme républicain se présente alors comme une synthèse entre la liberté et l’égalité : à chacun de faire ses preuves en bénéficiant des mêmes chances à travers les études et d’accepter les inégalités qui en découlent. Certains signes, comme la crise suscitée en mars 2006 par le Projet « Contrat nouvelle embauche », indiquent pourtant que ces représentations se sont fortement fragilisées, comme si une génération en venait à se rendre compte que les chances ménagées par plusieurs années d’études n’étaient qu’une illusion. Dès lors, un débat s’est ouvert autour de la question de savoir si ce refus des discriminations peut encore suffire aujourd’hui à assurer que nous appartenons à une société où tous les êtres humains « naissent et demeurent libres et égaux en droits ». Il importe alors de mesurer ce qui se joue dans la perspective de promouvoir l’égalité à la faveur de « discriminations positives ». Qu’est-ce que le droit à l’égalité ? Comment penser une politique préférentielle qui ne passe pas par l’établissement de quotas ? Peut-on concevoir une justice sociale qui ne soit non pas seulement distributive, mais aussi compensatrice ? Dans cet essai, Alain Renault tente de répondre à ces questions en des termes tels que les différentes articulations conceptuelles soient suffisamment claires et précises pour nourrir une politique. Après avoir clarifié les soubassements de la notion d'égalité des chances, l’auteur analyse la notion de justice compensatrice (ou réparatrice) pour montrer que certaines erreurs de justice distributive peuvent nécessiter une compensation ultérieure en une forme d’action positive. C'est enfin à la politique universitaire qu’il propose des pistes de réflexions afin