Electre, une tragédie
A. Une malédiction divine implacable
Le mythe d’Electre apparaît dans la littérature grecque dès le VIIIe siècle avant Jésus-Christ et se développe surtout dans trois grandes tragédies du Ve siècle avant Jésus-Christ.
L’histoire d’Electre, c”est d’abord une affaire de famille, celle des Atrides, qui doit son nom à Atrée, père d’Agamemnon, tragiquement célèbre parce que sa haine pour son frère Thyeste a fait basculer tous les membres de cette famille et leur descendance dans un univers particulièrement sombre, où se conjuguent cruauté, monstruosité et démesure.
C”est l’acte de Tantale, grand-père d’Atrée, qui est à l’origine de cette malédiction. Tantale, bien qu”admis à la table des dieux, s’était rendu coupable de plusieurs fautes graves à leur égard. Il les avait offensés par son orgueil démesuré, leur aurait donné à manger son propre fils Pélops, qu”il avait immolé, et leur aurait dérobé leur boisson et leur nourriture, le nectar et l’ambroisie. Pour tout cela, il fut condamné à un supplice éternel dans les Enfers : dès qu”il voulait boire ou manger, eau et nourriture se dérobaient. Pélops, ressuscité par les dieux, obtint par ruse la main d’Hippodamie, fille d’Oenomaos, réputé imbattable dans les courses de chars. Malheureusement, infidèle à sa promesse de donner la moitié de son royaume au cocher Myrtilos qu”il avait soudoyé, il fait jeter celui-ci à la mer, qui avant de mourir le maudit à son tour, lui et sa descendance.
Obéissant à cette fatalité, les deux fils de Pélops se haïssent et s’affrontent. Si Thyeste séduit la femme d’Atrée, Atrée tue les enfants de son frère, les lui fait manger et lui révèle l’horreur de ce festin ! A son tour, Thyeste lance la malédiction sur Atrée et toute sa descendance.
Un autre enfant, né de l’union incestueuse de Thyeste avec sa propre fille, va accomplir le destin de sa race. Il se nomme Egisthe et, non content d’avoir séduit la femme d’Agamemnon, il tue ce prestigieux