Eleves en dificulté
« Les jeunes en difficulté : leur place dans les politiques et dans la cité »
Organisé par la Chaire de travail social (CNAM), le Laboratoire GRIOT-LISE/CNRS avec le concours du CNFE-PJJ (Centre National de Formation et d'Etudes de la Protection Judiciaire de la
Jeunesse), et de l’Ecole doctorale ETE (entreprise, travail, emploi)
Paris, 27-28 janvier 2004
Des élèves « en difficulté » aux élèves « difficiles » : l’exemple des collégiens de milieux populaires en « ruptures scolaires »
Mathias MILLET
Maître de conférences en sociologie à l’IUFM de Poitiers
GRS-CNRS/Lyon 2, SACO-MSHS/Poitiers
Depuis les années 80, sous la double impulsion de l’émergence du « problème des banlieues » et du « chômage des jeunes », la question de la « jeunesse » fait l’objet de redéfinitions. On assiste ainsi à la montée d’un discours sur les « jeunes en difficulté » situé au croisement des préoccupations de l’insertion sociale pour l’essentiel tournées en direction des « sans-grades » du système scolaire et du souci de protection de l’ordre public du côté notamment des quartiers les plus déshérités. La question des « ruptures scolaires » et de la « déscolarisation », c’est-à-dire d’élèves restant en marge du système scolaire dans le cadre d’une école massifiée toujours plus stigmatisante pour ses « laisser pour compte », s’inscrit dans ce mouvement de redéfinition des catégories de la « jeunesse » et de ses formes de prise en charge.
C’est à partir de cette entrée et des résultats d’une recherche sociologique sur les parcours de
« déscolarisation » et de « ruptures scolaires » de collégiens de milieux populaires1 que nous traiterons la question. Nous reviendrons d’abord sur quelques conditions sociologiques des parcours de « ruptures scolaires » des collégiens de milieux populaires. Nous interrogerons ensuite la situation de ces collégiens en « ruptures scolaires » au regard des transformations dans les catégories de perception des difficultés liées à