Epictète, entretiens
Tel est le problème que résout Épictète dans ce court dialogue extrait de ses Entretiens. Le philosophe [stoïcien] veut montrer que le méchant étant dans l’erreur, il faut au pire le plaindre et plutôt se recentrer sur son propre parcours.
Or, ramener la méchanceté à une erreur, c’est éliminer toute faute puisque l’une est involontaire alors que l’autre est volontaire. N’est-on donc pas en droit de faire des reproches aux méchants ?
On verra d’abord en quoi selon Épictète la méchanceté est une erreur. Puis comment est-il possible qu’Épictète fasse des reproches à son interlocuteur s’il est vrai qu’il doit lui aussi être dans l’erreur. Enfin, en quoi la pitié pour le criminel est moins mauvaise que la haine et quel sens peut avoir le retour sur son propre parcours. L’extrait s’ouvre sur une exclamation d’un interlocuteur qui demande la mise à mort pour un voleur ou un adultère, soit quelqu’un qui a pris le bien d’un autre ou qui a contrevenu à la fidélité du mariage. Pour nous, il y a là manifestement une peine excessive pour de tels “crimes”. Retenons que c’est le fait de réclamer une punition qu’Épictète va examiner. Il s’agit donc d’une réflexion morale. Son problème n’est pas de savoir si la punition est nécessaire ou non pour la société, ce serait une question politique. L’exclamation est celle de quelqu’un qui ne comprend pas pourquoi le criminel n’est pas puni, c’est-à-dire ne se voit infliger une peine méritée. Quant au crime, il réside et dans l’acte et dans l’intention.
La suite du texte est une réponse à cette exclamation. On peut supposer que c’est la réponse d’Épictète, une sorte de leçon morale. Il reproche à son interlocuteur sa façon de parler. Pour