Dans la Théogonie d’Hésiode (VIIIe siècle av. J.-C.), Éros constitue, avec Chaos, Nyx, Gaïa et Érèbe une des cinq divinités primordiales1. C'est le seul des trois qui n'engendre pas, mais qui permet à Chaos et Gaïa de le faire. Il est beau, immortel, « dompte l'intelligence et la sagesse ». Jean-Pierre Vernant le présente comme le principe qui « rend manifeste la dualité, la multiplicité incluse dans l'unité »2. Éros (Amour) et Himéros (Désir) accompagnent Aphrodite depuis sa naissance3. Dans la théogonie des Rhapsodies, qui est la théologie orphique, Éros est à l'origine de la création. Il nait de l'œuf cosmique issu de l'union de l'Éther et du Chaos. À la fois mâle et femelle, il a de nombreuses têtes d'animaux. Il engendre Nyx (la Nuit) et le monstre Échidna. Il est nommé Phanès, mais aussi Protogonos, Èrikèpaios et Métis4. Dans l'orphisme, Phanès est assimilé à Dionysos-Zagreus et Zeus le dévore et devient ainsi le Dieu souverain. Dans la comédie Les Oiseaux5 d’Aristophane (450 - 385 av. J.-C.), Éros naît de l'œuf, issu de la Nuit aux ailes noires. Il a deux ailes d'or et engendre, avec Chaos «ailé et ténébreux», la race des oiseaux, avant même celle des Immortels.
Eros Farnese, Musée national archéologique de Naples
Dans Le Banquet de Platon (427 - 348 av. J.-C.), Éros est présenté différemment en fonction des personnages du dialogue. Pour Phèdre, Éros est une divinité primordiale, « celui qui fait le plus de bien aux hommes », « il inspire de l'audace », « est le plus ancien, le plus auguste, et le plus capable de rendre l’homme vertueux et heureux durant sa vie et après sa mort ». Pausanias fait la distinction entre deux amours et relations sexuelles. Comme il y a deux Aphrodite, l'Aphrodite céleste, plus âgée, née d'Ouranos, et l'Aphrodite née du mâle et de la femelle, Zeus et Dioné, plus jeune et appelée Aphrodite triviale ou populaire ; il y a deux Éros, un Éros populaire, « c’est l’amour qui règne parmi les gens du commun. Ils