Essai sur le convoi de l'eau
807 mots
4 pages
Akira Yoshimura, l’auteur japonais à succès décédé en 2006, nous plonge dans un véritable affrontement de cultures dans son roman Le convoi de l’eau. Intéressé par le terrain exploitable, un groupe de travailleurs s’installe près d’un hameau isolé, habité par une petite société paisible et en relation très proche avec la nature. Tout au long de l’histoire, des Japonais et ces travailleurs étrangers se côtoient sans vraiment entrer en contact. Cette approche originale et ce regard extérieur sur sa propre culture sont ce qui, pour ma part, rend le roman de Yoshimura intéressant à lire. On apprend, à travers l’incompréhension et le mépris des travailleurs pour le comportement des Japonais, à mieux connaitre les valeurs et les coutumes de « nos voisins dhantsu », comme les appelle Réal Béland, humoriste québécois. Certes, il n’y a pas que du beau dans ce récit. Effectivement, il est question, à un certain passage du livre, du viol d’une jeune japonaise par un travailleur assez âgé et visiblement dérangé. Différente et troublante, c’est la réaction des habitants du hameau face à ce méfait qui m’a le plus interpellé.
Dans notre société, un viol est très mal vu et gravement puni. Il en va de même pour la société japonaise, mais, dans l’autre sens! C'est-à-dire que la culpabilité d’un tel acte ne repose pas sur les épaules du violeur, mais plutôt sur celles de la victime. Je sais, on se demande la même chose : comment est-ce possible? Dans la mesure où la victime d’un viol ou d’un attouchement ne peut l’empêcher de se produire, il est bien difficile de concevoir qu’elle puisse être jugée coupable de l’acte. Or, c’est bien ce qui se produit dans Le convoi de l’eau, qui traduit la véritable mentalité des Japonais à ce sujet. La jeune femme violée se suicide peu de temps après l’abus, poussée par les convictions de ses compères ou encore rongée par la honte. Je crois qu’il faut y voir là une notion de pureté. En effet, salie par la relation sexuelle forcée avec un