Est-il impossible que soit valide l’argument antisceptique cartesien ?
José Marcos de Teresa
UAM-Iztapalapa (Mexico)
Aujourd’hui, Descartes demeure une référence toujours utile et extraordinairement fréquente dans les textes et les cours de théorie de la connaissance. Il est devenu indispensable d’abord et avant tout parce qu’on a l’habitude de le considérer comme un compendium de ce qu’il ne faut pas faire en épistémologie et, naturellement, il est toujours profitable de ne pas perdre de vue les erreurs, qu’il s’agisse des nôtres ou de celles des autres, pour se garder de les répéter. De manière très succinte, on peut dire que l’interprétation dominante de la philosophie cartésienne inclut trois thèses qui rendent irréalisable le projet d’atteindre, face au scepticisme, les fondements valides de certaines prétentions épistémiques des plus élémentaires – et peut-être, par le fait même, une véritable (quoique lointaine) amorce de réponse au reste des questions philosophiques. Ces thèses sont les suivantes :
1) À travers le « malin génie », Descartes se place devant l’hypothèse d’une erreur universelle, hypothèse qui, bien sûr, met en doute entre autres choses la validité (plus concrètement, la vérité) de toutes les propositions (ou « idées ») évidentes.
2) Pour Descartes, l’objectif des « preuves » de Dieu est de montrer que, positivement, il existe un Dieu parfait, ce qui, face à l’hypothèse du malin génie, constitue à son tour la garantie positive des autres prétentions de validité rationnellement évidentes.
3) Descartes affirme que la « preuve de Dieu » est absolument évidente et, de surcroît, valide en vertu de sa propre évidence (et, en vérité, si le premier élément était vrai, ce serait ce qu’on pourrait dire de mieux en sa faveur).
Comme on pouvait s’y attendre, dans de telles conditions, la grande majorité de ceux qui se sont intéressés à la philosophie cartésienne en sont arrivés à la conclusion que le prétendu fondement repose sur un