Est-on maitres de son sort dans Phèdre et Jeu de l'amour et du hasard?
Le 13 avril 2014
Aux 17e et 18e siècles, les dramaturges Jean Racine et Pierre de Marivaux soulèvent l’idée du prédéterminisme dans leurs ouvrages. Leurs pièces de théâtre, Phèdre et Le jeu de l’amour et du hasard, font allusion à une vision du monde où le libre arbitre n’influence très peu l’amour. Le déterminisme est « une théorie philosophique selon laquelle les phénomènes naturels et les faits humains sont causés par leurs antécédents » ou l’ « [e]nchaînement de cause à effet entre deux ou plusieurs phénomènes1 ». On croit que le jansénisme, un « [m]ouvement religieux et intellectuel du XVIIe siècle s’inspirant de la doctrine de Jansénius sur la grâce et la prédestination2 », a inspiré le pessimisme de la tragédie Phèdre. Selon The Cambridge Dictionary of Philosophy, c’est « [u]n groupe de doctrines avancés par les réformistes Européens catholiques romaines, le clergé et les spécialistes dans les 17e et 18e siècles, caractérisés par le prédéterminisme qui met l’accent sur la chute d’Adam, la grâce efficace irrésistible, l’expiation limitée, l’élection et la réprobation3 ». « Les relations avec l'abbaye janséniste de Port-Royal vont imprégner toute la vie de Racine4 » et nous évaluerons de combien cette doctrine déterministe apparaît dans Phèdre. Marivaux de sa part a pu voir dans son époque des mariages décidés exclusivement par les familles du couple et certains où la décision finale ou initiale restait avec les amants. En Normandie aux XVIIe et XVIIIe siècles,
Pour l’Église, le sacrement de mariage supposait la liberté de ceux qui le recevaient; pour la législation royale, impossible de se marier sans le consentement des parents [mais] […] ces deux exigences qui ne s’excluaient pas forcément. […] [D]ans la société d’Ancien Régime, tous les mariages étaient imposés par la famille[.]
Dans certains groupes sociaux, le garçon pouvait choisir sa femme, et