Etude de l'incipit
Ainsi, les noms propres peuvent être vus comme une annonce de l’ironie du texte, du fait qu’ils sont particulièrement signifiants. La dureté du nom du baron souligne ainsi sa cruauté puisqu’il va chasser Candide et le livrer à lui-même sans scrupules, la consonance allemande de « Thunder-ten-tronkh » se justifiant également par le fait que le conte se déroule en Westphalie. De même, le nom de « Candide » résume le personnage et l’enferme dans une naïveté qui confine à la bêtise.
Le choix des noms ne serait qu’une annonce de l’ironie que souligne les interventions directes du narrateur, lorsque, par exemple, dans la phrase « c’est, je crois, pour cette raison qu’on le nommait Candide », il feint le doute alors qu’il insiste sur sa simplicité et sa douceur avec l’utilisation du superlatif . Les phénomènes de renchérissement et d’insistance vont dans ce sens et donnent à l’ironie un ton plus mordant : « sa grande salle même »/ « admirablement ».
Si par moment ce sont les interventions du narrateur qui mettent en valeur l’ironie, il arrive aussi que le choix de l’effacement de celui-ci soit également significatif, par exemple, le choix du discours direct pour la présentation de la philosophie de Pangloss est une façon pour le narrateur de ne pas reprendre à son compte les stupidités de Pangloss et de laisser le personnage montrer l’étendue de sa bêtise.
Enfin, l’ironie passe également par le point de vue de Candide, puisque la scène semble être vue par un regard qui se contente de constater et donner les faits à voir mais est incapable de les