Etude d'une oeuvre : Sartre, L'existentialisme est un humanisme
Introduction à l’existentialisme sartrien
1. Les racines
La réflexion de Sartre s'est nourrie d'influences complexes et souvent contradictoires :
• d'abord celle de la philosophie allemande : il faut mentionner ici Hegel (tout particulièrement avec sa dialectique), Marx (théorie du travail humain et de l'histoire), Husserl (idée d'intentionnalité ) et Heidegger (sa notion de Dasein, d'être-dans-le-monde, influencera Sartre qui, néanmoins, se séparera de lui par son humanisme) ;
• mais Sartre hérite également de la philosophie de Descartes : le cogito transparent à lui même est au centre de sa réflexion ;
• enfin, il faut mentionner l'influence sur Sartre du philosophe danois Sören Kierkegaard, influence paradoxale puisque Kierkegaard fut violemment anti-hégélien.
2 – Les thèmes essentiels
1°) – La contingence
Tout commence chez Sartre par le malaise diffus qui s’empare du héros de La Nausée (1938), Antoine Roquentin, quand il découvre dans le pluvieux ennui de Bouville que les choses qui l’entourent n’ont aucune raison d’être et que lui-même est « de trop ». Rien, absolument rien, ne justifie l’existence. Ce qui existe est certes là, mais aurait pu tout aussi bien ne pas être. Tout est donc contingent : « L’essentiel, c’est la contingence. Je veux dire que par définition, l’existence n’est pas la nécessité. Tout est gratuit, ce jardin, cette ville et moi-même » (La Nausée).
2°) – L’existence précède l’essence
Les philosophes classiques plaçaient l’essence avant l’existence. Sartre, au contraire, postule le primat de l’existence sur l’essence : « L’homme existe d’abord, se rencontre, surgit dans le monde et il se définit après » (L’existentialisme est un humanisme). Contrairement aux choses, dont l’essence précède l’existence, l’homme naît, vit et se développe seul, sans qu’une essence ou qu’une nature quelconque ne lui impose un modèle à suivre, un