Existence
... l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait. Tel est le premier principe de l'existentialisme. [...] L'homme est d'abord ce qui se jette vers un avenir, et ce qui est conscient de se projeter dans l'avenir. [...]
Mais si vraiment l'existence précède l'essence, l'homme est responsable de ce qu'il est. Ainsi la première démarche de l'existentialisme est de mettre tout homme en possession de ce qu'il est et de faire reposer sur lui la responsabilité totale de son existence. Et quand nous disons que l'homme est responsable de lui-même, nous ne voulons pas dire que l'homme est responsable de sa stricte individualité, mais qu'il est responsable de tous les hommes. Il n'est pas un exemplaire d'une norme ou d'une nature préexistante, il se fabrique lui-même au cours de l'histoire. La première signification de la liberté est cette capacité humaine à se définir par soi-même. Un objet technique, voire un objet naturel, une pierre, ne sont rien d'autre que ce que leur définition préalable nous dit qu'ils sont. L'homme, à l'inverse, parce qu'en lui « l'existence précède l'essence » a reçu cet étrange privilège de se fabriquer lui-même. Mais « si vraiment l'existence précède l'essence, l'homme est responsable de ce qu'il est ». Sur chacun de nous pèse la responsabilité pleine et entière de nos actes et choix. Nous ne pouvons nous retrancher derrière aucune « nature » qui nous définirait et limiterait notre possibilité d'agir et de nous faire. Pire : « Nous ne voulons pas dire que l'homme est responsable de tous les hommes ». En effet, en posant tel