Introduction : « Un jardin n’est pas la nature, c’est une invention de l’esprit, un espace à part, étranger, une « hétérotopie » (une localisation physique de l'utopie. Ce sont des espaces concrets qui hébergent l'imaginaire. Les hétérotopies, présentes dans toute culture, peuvent voir sa fonction différer dans le temps). M. Foucault
Art de vivre, le jardin est un lieu de mémoire dynamique qui a une place toute particulière dans l'imaginaire : il exprime la façon dont un groupe humain, dans des conditions historiques données, s'appréhende lui-même, définit ses conditions d'existence et se situe par rapport à la nature. L'art des jardins ne se comprend donc qu'à l'intérieur de chaque société, c’est avant tout un haut lieu symbolique : le paradis est un jardin des délices, représentation symbolique d'un monde immaculé. Le jardin est à replacer dans son contexte culturel pour comprendre les relations que celui-ci entretient avec la vie matérielle sociale et spirituelle de son époque.
En quoi les évolutions de la pratique dans l’art des jardins sont elles liées aux évolutions d’une civilisation et témoignent d’un changement dans les conceptions sociales et spirituelles?

I. Une conception théologique puis utilitaire des jardins domine des jardins de l’Antiquité à ceux de l’occident médiéval
Au moyen age, les jardins emplissaient plusieurs fonctions et pouvaient être de nature différentes, sacré ou utile, il avait alors une grande fonction symbolique. Le jardin est alors le point de chute du sacré au moyen age dans les différentes sortes de jardins.
A) Le jardin, symbole du paradis et du jardin d’Eden,
Référence fondamentale de la culture occidentale, le jardin d’Eden se présente sous une double dimension : lieu du paradis sur terre et lieu de la faute d’Adam et Eve. Ce mythe des origines présente un jardin idéal. Le jardin de Pâques où le Christ, sorti du tombeau, apparaît à Marie-Madeleine sous l’apparence d’un jardinier. Le jardin est alors la région