Faire son devoir, est-ce là toute la morale ?
Faire son devoir, est-ce là toute la morale ?
Face à l'idée de préconiser un avortement thérapeutique à une femme enceinte, le médecin peut se trouver hésitant. D'une part, il est de son devoir de respecter la volonté du patient. D'autre part, sa conscience peut lui manifester une gêne: "Est-ce toutefois bien moral ?". Faire son devoir, est-ce alors là toute la morale ? Contrairement au droit et à la politique qui déterminent le comportement correct à adopter en société ou au sein d'une communauté civique, la morale semble régler la vie privée. Elle se fonde sur l'accomplissement de devoirs qui, s'ils ne se voyaient pas satisfaits, engendrerait un mépris de l'homme envers lui-même. Il s'agit alors de se demander si s'acquitter de son devoir conduit forcément au respect la morale. Par ailleurs, est-il possible d'atteindre cette dernière sans nécessairement "faire son devoir" ? Enfin, la conscience se heurter à un problème crucial: comment être certain d'agir moralement; et peut-on seulement être moral sans conscience aucune?
Le simple accomplissement du devoir ne justifie pas la morale. Ce qui est utile pour soi ou pour la communauté est une chose, le devoir moral en est une autre.
Faire son devoir ne signifie pas toujours viser le "bien", ce peut être aussi viser le "bien conforme à...". L'homme, être de devoirs, doit conformer son comportement à diverses obligations, qui peuvent être de nature non seulement "morale", mais aussi juridique, professionnelle, sociale ou même politique. En tant qu'il se doit de toutes les respecter, il peut se heurter à l'impossibilité d'agir sans reproches. Par exemple, le devoir d'aller se battre à la guerre pour défendre le pays peut entrer en conflit avec la conscience humaine: est-ce agir en tant qu'homme moral que de tuer les autres ? Il semble évident que non, et pourtant, les soldats le doivent par obligation politique. Ainsi, la morale ne constitue pas toujours la finalité des