Faut-il baisser les impôts ?
Profits record, rémunérations en berne : notre dossier fait le point sur un déséquilibre historique, aggravé par la crise, qui pèse sur la situation économique. Et explore les pistes pour en sortir.
Un partage des richesses déformé
Dans la plupart des pays industrialisés, les entreprises privilégient un partage de leur chiffre d'affaires au détriment des salariés, sous la pression de leurs actionnaires. Alors que les profits sont presque aussi élevés qu'en 2007, la masse salariale (le nombre d'emplois et les rémunérations) a été sérieusement rabotée.
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Pas moins de 580 milliards de dollars : c'est la somme plutôt rondelette dont a été amputée la fiche de paie des salariés du monde entier en 2009, au bénéfice des profits des entreprises. Un gros chèque qu'ils auraient normalement dû toucher, compte tenu de leur productivité, si le partage des richesses ne s'était une nouvelle fois déformé au détriment de la masse salariale. Choquant ? Ce n'est pas la question. Il ne s'agit pas ici de faire de la morale ou de la politique. Dangereux ? C'est bien là tout le problème ! Car, au-delà des débats sur le "juste" partage des richesses, il est une réalité bien plus implacable : ce mouvement de balancier complique la sortie de crise dans les grands pays occidentaux et affaiblit, à terme, leur potentiel de croissance, au détriment des patrons comme des salariés.
Pourquoi s'inquiéter aujourd'hui d'une tendance qui s'est amorcée dans les années 90 et n'a pas empêché de connaître de longues années de prospérité ? "Parce que les salariés sont allés chercher ce qu'ils n'avaient plus sur leur feuille de paie auprès des banques et des sociétés de crédit pour maintenir leur train de vie", explique Daniel Cohen, professeur