Faut-il bien penser pour vivre?
Introduction
La philosophie naît d'un besoin fondamental de compréhension, de pensée. Ce besoin submerge l'homme quand celui-ci se perd dans l'absence de sens ou d'unité qui doit structurer le monde de la nature et de l'esprit. Hegel émettra cette idée que c'est quand les choses apparaissent scindées, quand la réalité ne va plus de soi, qu'il y a une nécessité de philosopher, de ressaisir le sens qui opère à travers toutes les structures de l'esprit. La pensée, manifestation de l'esprit (d'une compréhension de la nature et de la culture), doit ainsi livrer le sens de la vie. Mais elle doit ainsi se prononcer sur ce qui se passe, puisque l'action nécessite tout autant réflexion, en tant que ce sont les hommes qui font l'histoire, qui jugent du bien-fondé de tel ou tel acte. Dès lors responsabilité, engagement, attitude critique doivent jalonner toutes les sphères où se joue la réflexion. Mais n'y aurait-il pas, plus fondamentalement, à travers la philosophie, une volonté toute personnelle de suivre un chemin vers une forme de sagesse ? I. De la sensation d'exister à la place de l'homme dans le monde a. Comme l'indiquait Alexandre Koyré, la philosophie, quand elle sent s'effondrer sous elle toute compréhension du Cosmos (du monde organisé), quand elle montre autant de balbutiements dans ses tentatives de répondre à la question « Que suis-je ? », elle se rabat alors d'abord sur le « qui suis-je ? », elle interroge l'homme lui-même. Ce passage du « Que suis-je ? » (en tant qu'objet) au « qui suis-je ? » (comme sujet) est l'expression d'un moment critique dans la réflexion de l'homme (Entretiens sur Descartes, 1, 1937). Toute la conscience est ainsi mise en branle pour aider l'homme à se trouver soi-même, à se faire une place, là, dans un monde où rien n'est déterminé d'avance. Cependant, alors même que je n'ai pas de réponse à ce qu'est la vie, alors même que je n'ai pas de définition exacte de ce qu'est la