Faut-il fonder l’Etat sur le droit ? Dès le début de Sodome et Gomorrhe, Jean Giraudoux, s’attarde sur la condition de ce qu’il appelle les empires, qui sont tous « mortels »… Et parmi eux, celui de Sodome et Gomorrhe qui par la destruction du couple Lia/Jean est foudroyé par volonté divine… Surgit alors l’idée de pouvoir construire, de pouvoir bâtir un nouvel état. Cet Etat (étymologiquement : « station » par opposition au mouvement, la manière d’être) renvoie à une nation gouvernée par un pouvoir représentatif, gouvernement, administration, il s’agit alors de la société organisée, dotée d’un gouvernement et considérée comme instance morale à l’égard des autres sociétés semblablement organisées et non de la société en elle-même. Celle-ci se réfère dans un sens large à l’ensemble d’individus dans lequel on constate des rapports réglés et des services réciproques ; elle se caractérise par une culture (même primitive) et une histoire ; et dans le sens plus strict à l’ensemble des êtres humains dont les relations sont organisées par des institutions et éventuellement garanties par des sanctions (explicites ou diffuses) qui font ressentir à chaque membre le poids du collectif. Cette organisation juridique des individus constitue la société civile. La société semble donc intrinsèquement liée à la justice qui désigne, d’une part, le principe moral exigeant le respect de la norme du droit et, d’autre part, la vertu qui consiste à respecter les droits d’autrui. En tant que règle qui régit les rapports mutuels des citoyens dans la cité, elle préside, sous forme de justice distributive, à la répartition des charges et des dignités, ou, sous forme de justice commutative, aux échanges économiques notamment, selon le principe de l’égalité. Or, l’équité impliquée par la notion de justice exige de celle-ci qu’elle consiste à traiter de la même façon des êtres qui, par delà leurs différences accidentelles, puissent être considérés comme essentiellement semblables. Rousseau