Faut-il rendre cohérents ses désirs ?
Qui n’a pas rêvé de posséder un génie qui accomplirait tous ses désirs. Mais même en ce cas, ne faudrait-il pas hiérarchiser et rendre cohérents ses désirs ? Par exemple, je ne peux pas souhaiter être le plus riche et demander la disparition de la pauvreté. Car dès qu’il y a un riche, il y a des gens pauvres vis-à-vis de ce riche. Pour être le plus riche et souhaiter que les autres n’en pâtissent pas, je dois souhaiter que personne ne soit dans la misère et que mon enrichissement entraîne celui des autres. Cet exemple nous pose bien la question : accomplir tous nos désirs, est-ce une bonne règle de vie ? Notre exemple nous montre qu’il nous faut dès lors renoncer à certains désirs. Il nous invite à nous demander de manière plus générale comment pourrait-on les hiérarchiser, travailler à les rendre plus cohérents ? Mais si le désir était l’ennemi de la cohérence, si il était contraire à toute démarche rationnelle, ne faudrait-il pas plutôt chercher à s’en libérer dans la mesure du possible ? Ce serait alors une illusion d’avoir comme règle de vie l’idée d’accomplir tous ses désirs, à vrai dire le seul qui nous importe serait le désir de nous libérer des désirs et de leur incohérence passionnelle. Faut-il aller plus loin encore et songer comme le bouddhisme nous y invite à nous libérer du désir même d’être libre du désir ? Ou bien faut-il considérer qu’il y a en nous une insatisfaction qui au cœur du désir le transcende dans ses formulations habituelles qui sont souvent empruntées aux autres et qui émerge quand le désir d’être libre du désir devient premier ? N’y aurait-il pas alors vraiment le désir d’accomplir son désir d’être soi absolument et non par l’entremise des désirs mimétiques, ces désirs que la société nous propose et nous impose et que nous prenons faussement pour nos désirs. Pour accomplir ses désirs il faudrait savoir quels sont les siens, il faudrait les faire exister malgré les déterminismes familiaux, sociaux,