Faut-il se cultiver ?
J'aime le principe existentialiste selon lequel l'existence précède l'essence, et qu'on est, par conséquent, seulement à partir du moment où l'on peut et veut, par l'usage de la liberté, être quelque chose, voire se définir, en définissant au même temps les choix qui particularisent son existence dans un monde, dans une vie sans aucun sens prédéfini, sortant ainsi du délaissement originel de l'existence humaine nue.
Cela étant, si l'individu comprend la culture comme outil pour faire de son existence nue une essence, alors il lui faut acquérir de la culture. S'il ne la considère point nécessaire, il ne la cherchera pas. Cela ne veut pas dire non plus qu'il ne se cultivera pas, car chacun peut cultiver, même hors la culture traditionnelle de nos sociétés, une manière de vivre.
La question qui se pose à ceux qui rejettent la culture qui nous est donné par notre histoire, c'est celle de savoir pourquoi se priver volontairement de cette culture et des engagements qu'elle peut susciter. Si leur explication pour cette privation peut vraiment leur satisfaire, qu'il vivent comme ils voudront !
Quant aux exemples apportés par Mahmoud sur la culture en Tunisie, je me demande s'il n'est pas possible pour un tunisien de cultiver une culture propre. Je crains que la description donnée cache une idéalisation de la culture française, européenne, bonne et raisonnée, qu'il faudrait exporter aux peuples qui ne la partagent pas pour les aider à se développer. Immédiatement, nous sommes au coeur de l'idéologie coloniale: La France "éduquant" la "primitivité" des pays arabes...
Adorno a bien démontre le paradoxe de cette culture "supérieure", qui n'a point évité les événements d'Ausschwitz et d'Algérie. Si