Faut-il se méfier de ses désirs ?
On associe généralement le désir au plaisir. Désirer, c'est exister intensément, en conformité avec notre nature profonde, puisque nous sommes essentiellement des êtres de désir. Cependant, les sagesses antiques nous invitent à nous méfier de nos désirs : ils seraient source d'excès et de souffrance, et la seule attitude morale légitime serait d'essayer de les maîtriser, voire de les supprimer. Cependant, nous pouvons nous demander si les désirs méritent réellement notre méfiance. Puisqu'il s'agit de nos propres désirs, n'y aurait-il pas contradiction à les craindre, dans la mesure où cela reviendrait à se craindre soi-même ? Faut-il vraiment avoir peur de ses désirs ? Dans un premier temps, nous verrons les points positifs liés aux désirs humains avant de nous intéresser à la facette plus «noire», les défauts, qu'ils entraînent.
Les désirs engendrent une énergie positive, un principe d'action. Si je n'éprouve plus de désir je suis voué à l'inaction. La passion du supporter est ce qui traduit son enthousiasme et sa ferveur dans les actes; son attachement pour son équipe est encore du domaine de la raison; lorsqu'il veut le manifester, l'exprimer, il fait preuve de passion. C'est son désir excessif. C'est exactement ce que dit Hume lorsqu'il affirme que «la raison est et ne peut être que l'esclave des passions». Pour gagner une partie d'échecs, pour gagner les faveurs de la personne aimée; il me faut un principe d'action qui me pousse à gagner, à aimer, à conquérir. Pour Bergson, les désirs engendrent les émotions; ils forment une lame de fond, profonde et durable, qui donne naissance à l'écume des émotions, passagères. Ils sont comme de petits brasiers intérieurs constants, qui répandent dans le corps des ondes de chaleur, des émotions, qui s'éteignent doucement. Et, comme la raison seule ne suffit pas à l'action et à la vie, «comme l'émotion signifie avant tout création», les désirs sont donc