Faut il toujours dire la vérité ?
La vérité est, par excellence, ce que nous désirons savoir. Elle possède un sens formel (la cohérence du discours) et un sens matériel (la conformité avec le réel). Mais les deux sont liés, spécialement quand il s’agit d’être sincère, honnête, bref de ne pas mentir : je dis la vérité quand mon discours est cohérent parce que conforme à la réalité ! C’est du moins ce qu’autrui attend de moi quand je m’adresse à lui. Il est clair que l’expression « dire la vérité » sous-entend qu’on s’adresse à autrui. Le problème prend donc immédiatement une tournure éthique ou morale : quand il s’agit de parler et de communiquer, le respect pour la vérité est inséparable du respect pour autrui. Le devoir est ainsi au cœur du problème (« faut-il »). Quelle va être la priorité de mon devoir : la vérité absolue et sans condition, le bien et l’intérêt d’autrui, ou les deux réunis ? Dire la vérité, est-ce toujours « bon » pour moi-même et pour autrui ?
Deux mots permettent de préciser le problème : « toujours » et « toute ». « Toujours » indique le caractère inconditionnel et universel d’une action (quelques soient les circonstances, de temps et de lieux, etc.). « Toute » renvoie à la totalité et, d'une certaine façon, à l’idée d’absolu. Dire toujours la vérité, ou dire toute la vérité, est-ce la même chose ? Peut-on séparer, ou du moins distinguer les deux obligations, comme le suggère l’articulation de la phrase marquée par la virgule ?
Dans un premier temps, nous tenterons de maintenir ensemble les deux obligations, toujours et toute ; puis nous les relativiserons également ensemble (pas toujours, pas toute), avant de proposer une solution faisant droit à la moralité mais non à