DE LA FÊTE ET DU MAWLID Disons tous de suite que la fête est un des phénomènes les plus universellement répandus, au point ou nous serions tentés de dire, avec H.Cox que l’homme est d’abord ‘’ un homo-festivus ‘’. Depuis les études de Durkheim, nous savons que toute société entretient ses spécificités culturelles, en les raffermissant épisodiquement et régulièrement. Un des moyens privilégies est celui de la fête. A intervalles réguliers, elle vient raviver et consolider les sentiments collectifs. Son efficacité procède de deux sources. La fête se réclame toujours de quelque idéal sacré, au sens durkheimien du terme. Elle vise un niveau de conscience de soi qui dépasse le sentiment individuel. Elle fournit aux membres d’un groupe les moyens de se sentir et de se vivre comme communauté. Par ailleurs, la fête est également un moment privilégié qui vise à doter le groupe d’une mémoire. La fête apparait comme une institution destinée à fabriquer de la mémoire, une mémoire qui cautérise les blessures du passé et les projette dans des avenirs toujours prometteurs. A ce titre, la fête se présente toujours selon deux versants, un versant sacré et un autre profane. Cependant, sa force c’est de porter l’un et l’autre versant par la même puissance, la même force, le même sacré.
A) La fête : pratique du discours et ‘’esthétique de réception’’ Toute fête se présente d’abord comme un rituel. Qu’elle soit destinée à glorifier la patrie au sens moderne à travers des ‘’liturgies politiques’’ ou à célébrer un évènement temporel. Qu’elle soit publique ou familiale, qu’elle soit ostentatoire ou discrète, la fête obéit toujours à une logique rituelle, c'est-à-dire à des règles de conduite codées et symboliques.
Ce sont ces rituels qui finissent par donner aux relations les plus prosaïques, et aux convenances les plus quotidiennes, un cachet sacré ; parce qu’elle les charge de sens. La fête se veut avent tout un message et un discours,