fiche de lecture DEAMP
L’œuvre d’Alexandre Jollien offre une réflexion dense sur la condition de l’homme en situation de handicap et sur l’acceptation de cette condition. C’est un témoignage rare sur le combat quotidien de l’auteur et narrateur face à ce qui le sépare de la « normalité ». Le récit projette un regard mal connu, celui de l’usager, sur l’institution du secteur médico-social. Il développe sa pensée sur comment il a pu se construire avec l’aide et plus surprenant, contre son entourage.
L’Eloge de la faiblesse, le titre de l’ouvrage, m’a évoqué le titre de l’essai écrit par Erasme de Rotterdam en 1509 : L’Eloge de la Folie. Cependant, l’œuvre d’Alexandre Jollien ne prend pas les attraits d’une satire mordante de notre époque et répond à un autre genre que la fiction burlesque et allégorique. L’auteur nous invite à l’étonnement, le commencement de la démarche philosophique et à déconstruire le concept de « normalité » par un récit autobiographique évoquant son parcours singulier. Tout comme l’essai d’Erasme, le contenu de l’œuvre d’Alexandre Jollien est philosophique. Il s’entretient dans un dialogue avec Socrate qui interroge l’auteur en avouant son ignorance. La démarche socratique désarçonne l’interlocuteur et permet d’avancer dans la réflexion en définissant chaque idée du récit par la méthode de la maïeutique. La maïeutique désigne l’art d’accoucher les esprits, méthode par laquelle Socrate amenait ses interlocuteurs à découvrir les connaissances qu’ils portaient en eux-mêmes. De l’appel socratique du « Connais-toi toi-même », l’auteur nous invite à partager le cheminement de sa réflexion sur ce qu’il appelle « le métier d’homme » et de sa découverte de la grandeur de l’homme au cœur de la faiblesse.
I- Présentation de l’auteur :
Alexandre Jollien est né en Suisse le 26 novembre 1975. Au moment de sa naissance, le cordon ombilical enroulé autour du cou prive son cerveau d’oxygène et cause une athétose, une infirmité motrice cérébrale (ou