-Dissertation littéraire, Fin de Partie de Samuel Beckett

La modernité de Beckett se manifeste dans la volonté de décomposition d’un genre et l’écriture d’un « métathéâtre », c’est-à-dire la mise en scène des procédés que la convention traditionnelle tendait à cacher. Le théâtre baroque affectionnait déjà ce jeu qui consiste à montrer que les personnages de théâtre, au moment où ils font corps avec eux-mêmes, sont conscients qu’ils sont également des êtres de papier, de fiction, et qu’ils n’existent qu’autant que les lecteurs et les spectateurs adhèrent aux conventions de la représentation. Avec la modernité, cette tendance s’exacerbe, qui se manifeste dans la volonté de décomposition d’un genre et l’écriture d’un « métathéâtre », dont l’objet n’est pas de mettre le théâtre en abîme et de proposer un « théâtre dans le théâtre » mais de le déstructurer et de l’éradiquer.

I- La déconstruction du théâtre classique
Fin de Partie regorge de références à l’héritage classique de Shakespeare. Le nom de Hamm pourrait être un diminutif de Hamlet, dont on retrouve des traces de la pièce éponyme dans Fin de partie avec notamment, le motif du rat que Clov trouve dans la cuisine pendant que Hamm raconte son roman à Nagg. Cela rappelle la scène où Hamlet, se sentant observé de derrière le rideau par Polonius Lors de son entretien avec Ophélie, le tue, prétextant se débarrasser d’un rat. La référence shakespearienne la plus explicite est la parodie de la fameuse réplique de Richard III : « Mon royaume pour un cheval », qui devient, chez Beckett : « Mon royaume pour un boueux ».
Pourtant ces références ne sont pas réinvesties de sens. Beckett ne les utilise pas comme des signes vers un sens préconstruit, mais plutôt pour en déjouer l’académisme. En effet, rien, dans le contexte dans lequel elles apparaissent, ne justifient ces allusions à Hamlet ou à Richard III, sinon le plaisir du jeu et la déconstruction. Ainsi, la parodie de Richard III intervient au moment ou Hamm