Fragments d'un traité du vide

4289 mots 18 pages
Deux personnages, un valet et son maître, chevauchent plus ou moins paisiblement sur des routes, vers une destination qui restera inconnue, s'arrêtent dans des auberges, devisent à bâtons rompus : questions philosophiques, souvenirs intimes, anecdotes... Au fil de leur voyage, d'autres individus de rencontre y vont aussi de leurs récits, et voilà que s'ouvrent de nouveaux tiroirs, qui multiplient les niveaux temporels et les registres, ou confondent allégrement la réalité et la fiction. Par-dessus tout, un narrateur souverain ne cesse d'intervenir, proposant au lecteur un étrange pacte narratif : « Vous voyez, lecteur, que je suis en beau chemin, et qu'il ne tiendrait qu'à moi de vous faire attendre un an, deux ans, trois ans, le récit des amours de Jacques, en le séparant de son maître et en leur faisant courir à chacun tous les hasards qu'il me plairait. Qu'est-ce qui m'empêcherait de marier le maître et de le faire cocu ? d'embarquer Jacques pour les îles ? d'y conduire son maître ? de les ramener tous les deux en France sur le même vaisseau ? Qu'il est facile de faire des contes ! Mais ils en seront quittes l'un et l'autre pour une mauvaise nuit, et vous pour ce délai. »

Par cette liberté, Jacques le Fataliste devait rencontrer les lecteurs modernes. De tous les ouvrages de Diderot, il est le plus commenté, le plus glosé. Malgré la richesse et la variété de la critique, et peut-être à cause d'elles, Jacques demeure d'une complexité et d'une opacité redoutables. Toute interprétation péremptoire risque de susciter une opinion contraire. Dès la première lecture, l'ouvrage est déconcertant. La première explication que l'on peut fournir à la confection de ce tissu d'Arlequin, c'est la genèse même du roman : c'est un devenir de près de vingt ans que nous pouvons lui assigner. Conçu à partir de 1765, il paraît d'abord en feuilleton dans la revue de Grimm, La Correspondance littéraire, de 1778 à 1780, mais Diderot ne cesse de l'augmenter jusqu'à sa mort, et

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